Perte de poids
Pendant les périodes de ma vie où je me suis entraîné
sur une base régulière, j’ai remarqué que la plupart du temps, l’exercice ne me
faisait pas perdre significativement du poids. On peut se consoler, la
composition de notre corps s’améliore, moins de gras et davantage de muscle. L’appétit est
souvent très stimulé. C’est un phénomène connu de beaucoup de pratiquants du sport.
L’exercice sert alors de noble excuse pour accroître les portions de
nourriture.
À 55 ans, je n’avais pas commencé l’entraînement
plus régulier avec une réserve
élevée de masse corporelle. Je pesais 68 kg et mon IMC
(Indice de Masse Corporelle) était alors de 22.8 . Celui-ci est demeuré stable
jusqu’à 58 ans, soit pendant l’intervalle où je tolérais très bien l’effort de toute sorte. Puis, l’IMC s’est mis à diminuer,
malgré le maintien d’un appétit vorace et d’une consommation de calories plus
du double de celle de ma conjointe. Je me rassurais que comme mon appétit était
toujours manifeste, la perte de poids que ma conjointe a vite remarquée et
ramenait régulièrement sur le tapis dans nos discussions, ne pouvait pas être associée à
quelque chose de néfaste
comme un cancer.
J’ai perdu 6 kilogrammes en deux ans, de 58 à 60
ans, et mon Indice de Masse Corporel est passé de 22.8 à 20.8 . Ce n’est pas
considérable, mais la baisse ayant débuté à 68 kg, j’ai dû admettre que dans mon cas tout au moins cette
perte n’avait pas de sens. C’est en comparant des photos d’une époque à l’autre
que j’ai réalisé que la perte de poids se produisait au dépend de ma masse
musculaire. Pourtant, je sollicitais beaucoup cette dernière.
Puis, les muscles (et leurs tendons) se mirent à protester d’une autre
façon.
Blessures aux extrémités
À 60 ans, après avoir démoli une vieille structure
en bois, même en ayant procédé lentement puisque mon énergie n’était plus celle
d’avant et afin d’épargner mon dos, des tendinites dans chaque poignet m’accompagnèrent
pendant plusieurs mois. Le côté dominant, et le plus utile il va sans dire,
était le plus incommodant.
Une fois les poignets devenus plus fonctionnels
après du repos forcé, je fendais du bois, une activité pratiquée déjà depuis
quelques années. À un moment, un «snap» se fit entendre à
la hauteur d’un bras. Ma
surprise était plus grande que la douleur. Un tendon
venait de céder (tendon bicipital, dans un bras). J’ai bien compris qu’il n’y
avait rien à faire. Cette blessure à mon âge ne concernait pas un olympien et
une chirurgie n’était pas nécessaire. Cette fois, le côté dominant était
épargné.
En courant sur un sentier comme j’aimais tant
faire, mais qui m’était devenu ardu, je ressentis subitement une forte douleur
dans un mollet. Cela m’a rappelé la déchirure musculaire que j’avais vécue des années
auparavant, dans la même jambe ou dans l’autre, qu’importe. L’incapacité, la
douleur et l’enflure qui a suivi étaient cette fois plus importants et ont
obligé un examen d’urgence (Doppler) afin de s’assurer qu’il ne s’agissait pas
d’une phlébite (non).
Désormais, la course était terminée. Il fallait me
contenter de marcher. Ma première année dans la soixantaine venait de me rappeler que
telle une automobile d’un âge certain, les avaries étaient garanties; la
garantie, elle, était terminée depuis belle lurette.
Problèmes sensitifs
«Hyperalgésie»
À 57 ans, au cours d’un voyage, moi et d’autres
touristes nous faisons offrir un massage de pieds. À partir d’un même gros
contenant, le préposé verse
de l’eau chaude dans les bols où chacun doit tremper les
pieds. J’écris «même» afin de souligner que la température de l’eau était pareille pour
chacun de nous. Dès le contact avec l’eau, j’ai eu l’impression que mes pieds
allaient être brûlés. La température de l’eau m’apparaissait trop élevée et je les ai retirés
aussitôt. Le préposé était surpris et les autres participants ne comprenaient pas ce
qui m’arrivait. Eux semblaient trouver l’eau tout à fait confortable.
Ce n’est que plus tard que j’ai réalisé que cet incident
était significatif. Je venais d’expérimenter une «hyperalgésie», une exagération de la sensation douloureuse.
J’ai toujours eu froid aux pieds. D’aussi loin que
je me souvienne, jamais je ne me déplaçais les pieds nus dans ma demeure. Cette intolérance
à l’eau chaude devint le premier incident tangible en quelque sorte dans ma
petite histoire. Connaissant mon historique de pieds sensibles au froid, je n’y
accorda pas d’importance, comme d’ailleurs à bien d’autres choses qui allaient
m’arriver au fil des ans.
«Méralgie paresthésique»
Vers la fin de mes 60 ans, après avoir dû renoncer
à la course à pied et aux travaux physiques intenses, j’entrepris une marche
d’une durée de trois semaines avec sac à dos. Peu après avoir débuté la randonnée, je me
mis à ressentir une sensation de brûlure aux cuisses. La ceinture du sac, même
si elle était rembourrée, appuyait sur le devant de mon bassin de chaque côté,
à un endroit où l’on retrouve un nerf situé superficiellement. Ce nerf dit
fémoro-cutané est sensitif et procure la sensation du toucher et la perception
de la douleur sur le devant et sur le côté des cuisses. J’auto-diagnostiquai
une «méralgie paresthésique»,
un terme associé à une irritation de ce nerf souvent causé
par une ceinture. Je m’expliquai alors que puisqu’au cours des deux années
précédentes j’avais maigri (IMC à 20.8 à ce moment) moins de gras enrobait ces nerfs
et que la ceinture du sac devait être en cause.
Le sac à dos était nécessaire si je voulais poursuivre mon
chemin. J’acceptais tous les soirs de me retrouver avec un engourdissement
douloureux aux cuisses. Une sensation de brûlure me réveillait.
Le phénomène régressa après l’excursion sans
complètement disparaître.
Une fois de plus, je ne me questionnais pas
davantage sur ce qui pouvait bien se passer avec mon corps.
«Paresthésies»
La sensation de pieds froids que j’ai mentionnée
faire partie de ma vie empira nettement au cours de l’hiver de mes 61 ans. J’ai
trouvé la saison froide très longue, les pieds installés sur un calorifère, emballés dans
deux grosses paires de bas de laine. Au début, mon état d’esprit alternait
entre l’espoir qu’au printemps venu, la saison du renouveau, les choses
allaient se replacer et l’inquiétude grandissante qu’en fait, les choses ne tournaient pas ronds. Nier
la sensation d’engourdissement et de picotement aux pieds céda à l’impression que
je m’en allais vers un mur lorsque le phénomène a commencé à monter dans mes
jambes puis à une angoisse grandissante quand il s’est attaqué agressivement à
mes mains.
«Tunnels carpiens»
Au tout début de ce même hiver, une sensation de
picotement a débuté dans chaque main, surtout dans la paume et du côté du pouce. Frotter
mes doigts ensemble me procurait une sensation différente. Plus la neige
s’accumulait (sans relation), plus mes mains devenaient engourdies et
douloureuses. Quand ces symptômes ont commencé à me réveiller fidèlement,
j’auto-diagnostiquai un nouveau problème: des «Tunnels carpiens». Le tunnel carpien
est un canal osseux dans le poignet à l’intérieur duquel passe un nerf, le nerf
médian. Ce dernier est responsable de la sensation et de la motricité d’une
grande partie de la main. Si l’espace diminue dans ce tunnel ou canal et/ou que
le nerf devient malade et vulnérable à l’étroitesse de ce passage, des
symptômes typiques apparaissent alors, tout à fait apparentés à ce que je
ressentais.
Les petites activités du quotidien devenaient de
plus en plus difficiles: ouvrir un pot, tordre un chiffon, manier les
ustensiles au cours des repas, écrire, brocher des feuilles d’une main, me
brosser les dents, même brosser les cheveux qui me restaient!
Je pris enfin rendez-vous avec un médecin. Lorsque
je me présentai à son cabinet, mes mains me faisaient beaucoup souffrir. Je lui
fis part de mes symptômes et de mon auto-diagnostic de tunnels carpiens. Il
était d’accord pour me prescrire un EMG (ÉlectroMyoGramme) un test neurologique
servant à démontrer ou à infirmer la souffrance du nerf médian au niveau du
poignet, donc le diagnostic de tunnel carpien. Comme auparavant j’avais eu
amplement le temps de me documenter au cours de l’hiver, je profitai de ma rencontre
avec le médecin de première ligne pour qu’il m’obtienne la mesure du
niveau de la vitamine B12 dans le sang.
Je savais que le phénomène d’engourdissement et de
faiblesse n’était pas limité à mes mains mais touchait aussi mes jambes, alors
parmi bien des possibilités, une carence en vitamine B12 pouvait être
responsable de mon état.
Dosage de la B12
À deux jours d’intervalle, je me présentai
avec la requête pour le dosage de la B12 auprès de deux laboratoires. Un privé
puis un public. Je voulais deux mesures car quelque chose me disait qu’une
carence en B12 était la cause de mes problèmes et je voulais que le dosage soit
bien documenté.
Les deux mesures de B12 dans mon sang ont démontré
des dosages à 240 pmol/l (labo
privé) et à 270 pmol/l (labo public).
Dans ces laboratoires, les valeurs de référence
étaient en 2016 de 133 à 675
pmol/l (labo privé) et 140 à 700 pmol/l (labo public).
Dans mon cas, j’ai été surpris du bas niveau
de B12 . Ma diète a toujours été plus qu’adéquate afin de me procurer les nutriments
où l’on
retrouve la vitamine B12 soit viandes, produits laitiers, oeufs, poissons,
céréales enrichies, etc..
Pouvais-je avoir un problème d’absorption de la
vitamine au niveau de mon système digestif plutôt que d’apport alimentaire
insuffisant?
Démonstration que ma diète incluait aussi beaucoup
de légumes, le dosage de l’acide folique dans mon sang était au même moment à 42.9 nmol/l excédant
de peu la valeur limite supérieure du labo public à 40.0 nmol/l .
Fait à signaler: au moment de ces prises de sang
initiales, je ne prenais aucun supplément vitaminique.
À ce moment en 2016, j’étais au courant de
l’information mentionnant qu’en dessous de et jusqu’à
258 pmol/l, les dosages de l’homocystéine et de l’acide méthylmalonique étaient utiles. Mes deux résultats, 240
pmol/l et 270 pmol/l , chevauchaient cette valeur.
Moi-même je n’étais pas convaincu de relancer le
médecin qui avait été d’accord pour que l’on me dose la B12 dans le sang afin
de lui demander d’autoriser d’autres tests.
J’aurais dû agir.
Je souffrais à ce moment beaucoup des mains et dès que j’ai pris
connaissance de mes résultats, j’ai commencé aussitôt de la B12 par la bouche
soit 2500 mcg de cyanocobalamine. Au même moment, je commandai de la
methylcobalamine sublinguale 1200 mcg (que j’allais débuter juste après l’EMG).
C’est plus tard la même année que je pris
connaissance d’une autre source médicale où l’on mentionnait qu’une
carence en B12 peut être présente
à un niveau aussi élevé que 295 pmol/l . Ceci s’appliquait
tout à fait à mon cas mais il était alors trop tard pour documenter l’affaire.
EMG et chirurgie
Moins d’un mois après avoir commencé la B12 par la
bouche, sans avoir noté aucune amélioration, je passai l’EMG. Le test effectué
par un neurologue démontra une atteinte sévère des tunnels carpiens avec
indication de chirurgie dans le but de décomprimer le nerf médian au niveau des
poignets.
En attendant cette chirurgie offerte dans le
secteur de santé public et dont la date d’exécution m’apparaissait désespérément
loin, je portais des orthèses aux poignets. De mon propre chef, je continuais
la B12 2500 mcg par la bouche et j’ajoutai de la vitamine B12 sublinguale 1200
mcg . Comme peut-être cette vitamine n’était pas bien absorbée au niveau de mon
système digestif, il valait mieux, en plus d’avaler de la B12, contourner
l’estomac en laissant absorber la B12 sous la langue.
Le système public de santé procure de très bons
soins mais les délais sont notoirement un grand problème. Tellement un problème
pour moi qui ne supportait plus la douleur et la faiblesse dans les mains, que
j’optai pour que l’on procède très rapidement dans le privé, plutôt qu’au
public, à une chirurgie endoscopique de décompression du tunnel carpien dans
les deux poignets et cela le même jour.
La chirurgie, effectuée six semaines après avoir
débuté la B12 , me fit un bien immense. Elle soulagea aussi mon portefeuille
d’un montant considérable. J’ai vécu aux premières loges la notion du choix douloureux dans cette
histoire. Toutefois, même si jamais je n’allais regretter ma décision, la
stupeur et la désolation m’attendaient.
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