Devenir incapable de
pratiquer le sport que l’on aime le plus, perdre du poids malgré le
maintien de l’appétit, engourdissements, picotements,
sensations douloureuses, trous de mémoire et autres.
Ceci raconte les événements médicaux qui me sont survenus au cours des sept dernières années
de mon existence. Rien de mortel même si à un moment j’ai cru que je m’acheminais vers une mort lente tant mon
désespoir était grand. Je ne prétends pas que mon cas a été dramatique tant il y a d’humanité souffrante. L’humilité est de
mise.
Mon but n’est pas d’impressionner. Je
vais tenter de décrire ce qui m’est arrivé sans emphase inutile et sans
pathétisme. J’admets soulager un besoin chez moi en
écrivant cette histoire puisque j’ai ressenti beaucoup d’inquiétude et il n’est qu’humain de vouloir communiquer un vécu éprouvant. Toutefois, une plus grande motivation m’encourage à rédiger ces lignes: je crois que d’autres personnes souffrent de la même chose qui m’est arrivée. Ces gens peuvent tirer un bénéfice à prendre connaissance de mon cas qui ne peut tout simplement pas être
unique. Après tout, je n’arrive pas de la planète Mars.
La carence en
vitamine B12 débute insidieusement, sournoisement même, et il est impératif de
la détecter d’autant plus que la cure est simple, sans
risque et incidemment très peu coûteuse. Ne pas déceler ce problème prolonge
une souffrance et l’évolution sans traitement peut devenir très sérieuse en termes de conséquences.
Rapport de laboratoire
Il est mentionné en
2011 que dans le cas du dépistage qui s’adresse à une
multitude de gens faisant partie de «groupes à risque», telle la clientèle âgée, le niveau du dosage sanguin de B12 en
dessous duquel un apport en suppléments est recommandé est de 220 pmol/l.
On mentionnait en
2011 qu’un niveau au-dessus de 220 pmol/l est rarement
associé à une carence.
Dans le cas de la
démarche diagnostique, quand-t-il s’agit d’un «patient» qui présente des symptômes et/ou des signes pouvant être associés à une carence en B12 , alors le niveau en
dessous duquel la maladie doit continuer d’être envisagée est plus élevé. Il ne s’agit pas de 220 pmol/l .
Il est mentionné en 2016 comme étant plutôt de 258 pmol/l puis selon une autre source la même année de 295 pmol/l . En dessous de ce niveau, les patients devraient être évalués par des tests fonctionnels envers une carence en B12 , soit le dosage de
l’homocystéine, de l’acide méthylmalonique, au besoin des anticorps
bloquants du facteur intrinsèque, de la gastrine.
Le message
Même si des laboratoires citent des «valeurs de référence» avec des niveaux inférieurs plus bas que
ce qui est mentionné ici, le médecin doit continuer d’envisager que la carence en B12 est possible chez le patient qui présente
des symptômes et/ou des signes lorsque le niveau de B12 est
en dessous de 295 pmol/l . D’autres tests peuvent alors être demandés
afin de confirmer ou d’infirmer la carence. Le dosage de l’acide méthylmalonique en
est un.
Ne pas en tenir
compte risque de retarder le diagnostic et évidemment le traitement salutaire.
Par ailleurs, on ne
doit pas nécessairement s’attendre à ce que l’anémie provoquée classiquement par la carence en B12 doit être présente dans
tous les cas.
L’absence d’anémie ne doit pas
faire exclure le diagnostic.
Je crois avoir été un cas sous estimé de carence en B12 se présentant avec des niveaux
initiaux plus élevés que 220 pmol/l .
Je vais tenter d’en faire la description le mieux possible.
Le patient
J’ai eu la chance de me retirer vers la
mi-cinquantaine. Il n’y avait rien dans mon occupation dans les
soins de santé qui aurait pu causer, directement ou indirectement, mon problème
qui a commencé à se
manifester à la fin de mes 57
ans. Aucune maladie ou condition médicale particulière pré-existante. Des habitudes de vie plutôt saines, un poids
santé, pas de tabagisme. 5-7 bières par semaine, quoique des anniversaires et
des fêtes ici et là pouvaient être arrosés. Heureusement
que les lendemains de veille étaient pénibles. Cela m’incitait à ne pas récidiver
fréquemment. Par
transparence, je dois admettre une habitude débutée à la mi-quarantaine au cours d’un
événement de vie difficile. Il s’agit d’une benzodiazépine, le lorazépam, 1 à 2 mg au coucher. Cette habitude bien ancrée est toujours en place à l’approche de ma mi-soixantaine. Je n’ai pas caché cette
accoutumance aux médecins que j’ai consultés à l’âge de 61 ans soit à
partir du moment où mes symptômes sont devenus
insupportables. J’ai demandé à tous ces médecins si la prise
de lorazépam et d’alcool aurait pu être la source du problème. La réponse a toujours été négative. À partir du moment où j’ai appris le diagnostic de
polyneuropathie, j’ai laissé rapidement, peut-être trop, le lorazépam, soit en deux semaines. Je n’y ai pas retouché pendant au moins 6 mois, comme d’ailleurs à tout alcool. Je reconnais qu’ensuite, lorsque et
probablement parce que, je me suis senti amélioré (à la suite je crois de la prise de suppléments de
B12 par la bouche, sous la langue puis par injection mensuelle), j’ai repris tranquillement la consommation au même niveau qu’auparavant.
Était-ce l’arrêt pendant 6 mois du lorazépam 1 à 2 mg au coucher
de même que la cessation de tout alcool (5-7 bières par semaine) qui ont mené à
mon amélioration plutôt que les suppléments
de B12 ?
Je n’ai pas la réponse définitive, mais je sais qu’une fois la combinaison reprise tout en continuant indéfiniment la B12 , je
vais infiniment mieux après 2
1/2 ans.
Fatigue Fatigabilité
Il s’agit de deux mots qui se ressemblent. La différence entre les deux est
significative et veut dire beaucoup. Il faut avoir vécu justement les deux pour
bien saisir ce qui les séparent.
La fatigue est connue
de tous. L’expérience la plus commune est sûrement une privation importante de sommeil la
nuit précédente. En soirée, chacun de nous qui ressent la
fatigue peut réfléchir sur la journée qu’il ou qu’elle a connue et trouver là les explications. Que
le surmenage ait été d’ordre physique,
psychologique, des deux, ou que des circonstances telle la prise en charge d’un nouveau-né arrivant à la maison soient en cause de la fatigue, alors des
ajustements et un peu de repos améliorent la situation jusqu’à la prochaine.
C’est lorsque les mêmes efforts entraînent une fatigue de plus en plus grande que la fatigabilité doit être
envisagée. Ou en corollaire, qu’une même fatigue survient à la suite d’efforts de plus en plus réduits. Et quand la force diminue, la fatigabilité
est invariablement présente.
Pendant quelques années,
j’ai nié la fatigabilité. Je me fouettais à maintenir à tout prix
la même distance courue, la même
intensité d’effort physique au cours de travaux.
On peut nier des
symptômes subjectifs, et comme la fatigabilité ne se
mesure pas, elle est subjective. Nier des signes, des choses objectives
observables par son entourage proche, devient de la négation folle.
Après avoir pratiqué
de l’exercice sporadiquement au cours de ma vie, quoiqu’ayant été toujours actif, j’en ai accru le niveau
et la régularité à partir de ma retraite à 55 ans.
De 55 à 58 ans cela a pu se faire à ma
satisfaction. Des travaux extérieurs sur une base régulière et 30-40 km de
jogging par semaine étaient devenus ma routine. Courir me procurait sûrement
une poussée «d’endorphines» ces hormones sécrétées dans le cerveau et qui nous font sentir bien.
Quoi de plus naturel, il n’y a pas de mal à ça! À partir de 58 ans, ce bienfait cessa de se manifester. Courir exigea alors
de plus en plus de motivation. Trois ans après ma retraite, en constatant que
ma forme commençait à régresser, j’ai voulu augmenter l’intensité et/ou la durée des efforts. Je devais croire que là était la
solution. J’ai dû après un certain temps renoncer à accroître ma capacité car cela me faisait payer de plus en
plus cher. Puis graduellement, la même
activité physique devenait
éprouvante. Ce recul me laissait perplexe. L’exercice n’est-il pas supposé entraîner une sensation de bien-être? Le soir,
après la course ou après des travaux physiques, j’étais de plus en plus abattu,
«brûlé». Mes pieds pesaient lourds; je montais
les marches de l’escalier de plus en plus bruyamment,
pesamment, assez qu’un jour ma conjointe m’a demandé si je montais à l’échafaud!
À la fin de mes 60
ans, j’ai dû renoncer à l’exercice.
Commentaires
Publier un commentaire